mercredi 26 mai 2010

Encore une lecture passionnante!

Lors des deux jours de formation que j'ai eu le bonheur de suivre avec Madame Danièle Cogis en avril dernier, elle a présenté une quantité de références dont une qui a attiré mon attention. Il s'agit de la présentation d'une recherche participative au CE1 et qui utilise le bricolage pour travailler la grammaire. Je me suis donc procuré la revue Repères no 39 dans laquelle j'ai trouvé l'article de Pierre Sève et Corinne Ambroise «Images, ciseaux, tirettes... un exemple de bricolage didactique au CE1 autour des relations nom/verbe» (2009).



Dans le but de le présenter aux enseignants du premier cycle à qui j'avais à donner une formation, j'en ai fait une synthèse que voici:

Bricolage pédagogique au 1er cycle

Première étape :

8 images proviennent de l’imagier Catégo (Hathier) sont présentées.

Jour 1 :

Les élèves doivent associer pour chaque image des étiquettes présentant les noms communs appropriés sans les détermiants.

Jour 2 :

Les élèves doivent associer pour chaque image des étiquettes présentant les verbes appropriés associés avec les pronoms de conjugaison.

Jour 3 :

Les élèves reprennent leurs réponses collectivement et les placent dans un tableau :

Image 1

Soigne

Chat

Image 2

Roule

Voiture

Image 3

Grimpe

Mur

Image 4

Répare

Garagiste

Image 5

Picorent

Poussins

Image 6

Jaunissent

Feuilles

Image 7

Saute

Fille

Image 8

Brille

Soleil

Quelles différences y a-t-il entre les mots de la première colonne et ceux de la seconde?

Reporter les réponses des élèves dans le tableau :

Verbe

Nom

Ils disent ce qui se passe

Ils disent le nom de ce que l’on voit (des personnages, des animaux, des choses…)

Ils ont –nt pour dire plusieurs

Ils ont un –s pour dire plusieurs

Ils ont des mots outils comme il/ils ou elle/elles

Ils ont des mots outils comme le/la ou un/une

À partir des critères établis, les élèves classent des mots dans une ou l’autre des catégories.

(Ex : poule, arbre, échelle, casserole, revient, pleur, rougissent, etc…)

Deuxième étape

1-

Les élèves sont invités régulièrement à reconstituer des phrases dont les constituants obligatoires ont été séparés. On peut prendre ces phrases dans les livres de lecture de la semaine. On peut prévoir ce genre d’activité sous forme d’atelier.

Idéalement, le verbe devrait faire entendre le pluriel s’il est présent (ex : fait/ font au lieu de court / courent).

Les élèves distinguent ensuite trois catégories de phrases réalisées :

v les phrases possibles (ex : Les petites filles de l’école vont à la danse le mercredi.)

v les phrases imaginaires (ex : Les petites filles pondent des œufs dans leur nid.)

v les non-phrases (ex : *Les petites filles de l’école suit sa mère sur le chemin.)

2-

La consigne est ensuite inversée : les élèves doivent maintenant découper les phrases proposées en groupes obligatoires. Les élèves découpent réellement le papier blanc et recollent les morceaux sur des feuilles de couleur afin de bien faire ressortir la coupure entre les groupes.

Mes amis regardent la télévision dans le salon.

Cette longue histoire est très amusante.

La division des groupes peut ne pas se faire de la même manière pour tout le monde :

1- Le jeune homme trouve un grain de riz.

2- Le jeune homme trouve un grain de riz.

3- Le jeune homme trouve un grain de riz.

Il est important de faire discuter les élèves au sujet des divisions qui ne sont pas identiques. Il n’est pas important d’en arriver à un consensus, mais de noter ce qui ressort des conceptions des élèves.

Par exemple, pour la coupe 1, un élève répondra qu’il y a un suspense : le jeune homme trouve quoi? un grain de riz!

Pour la coupe 2, l’élève répondra que c’est un jeune et pas un vieux.

Pour la coupe 3, l’enseignant peut guider les élèves vers la définition de chacun des groupes : ce dont on parle et ce qu’on en dit, qui reprenent les définitions des fonctions de sujet et de prédicat.

Ce genre de discussion permet de faire entrer l’élève sur la voie de la réflexion sur la langue et de dissocier le contenu des phrases de leur construction.

Troisième étape

Semaine 1 : Présenter une phrase dans laquelle le singulier et le pluriel s’entendent à l’oral.

Ma sœur écrit une lettre.

Ils doivent la segmenter en deux : ce dont on parle et ce qu’on en dit.

Ils inventent ensuite d’autres «ce dont on parle», donc d’autres sujets. Cela donne des phrases, des phrases imaginaires et des non-phrases (comme *mes sœurs écrit une lettre).

Semaine 2 : L’enseignante présente sur deux bandes de papier blanc les mots sélectionnés la veille et les possibilités de prédicat. Elle insère «une longue bande de papier horizontale où des fentes ont été ménagées qui déterminent des fenêtres, de sorte qu’elle peut y insérer comme dans un tissage et y faire glisser verticalement les premières affiches…» (Sève et Ambroise, 2009, p. 116).

Les élèves composent alors des phrases possibles ou imaginaires à partir des énoncés présents sur les bandes verticales. Plusieurs phrases auront été prévues.

Semaine 3 : L’enseignante propose le même matériel mais sur lequel elle n’écrit que le sujet et le verbe. Le complément se retrouve sur la languette horizontale.

Les élèves font rapidement les observations concernant les marques du pluriel comme étant différentes sur les bandes «ce dont on parle» et sur les bandes «ce qu’on en dit». On peut alors préciser aux élèves les termes officiels : sujet et prédicat, nom et verbe.

Réinvestissement

Au fur et à mesure des leçons présentées, on peut diviser les mots selon les classes de mots et en faire plusieurs bandes verticales.

Référence : Pierre Sève et Corinne Ambroise. (2009). «Images, ciseaux, tirettes… Un exemple de bricolage didactique au CE1 autour des relations nom/verbe» dans Repères. No. 39, p. 103 à 123.

Évidemment, l'aspect visuel du bricolage et des tirettes est bien illustré dans l'article que je vous invite à vous procurer. J'en ai moi-même fabriqué un prototype que les enseignants ont apprécié. Elles m'ont dit qu'elles avaient même envie de tenter l'expérience avec les élèves.

En fait, ce que j'apprécie de ce genre de projet, c'est qu'il amène les élèves à manipuler concrètement. Quand ils découpent, collent et tirent les languettes, ils s'approprient dans leurs gestes des concepts abstraits que sont les classes et les fonctions des mots. Un peu à la manière de la Grammaire en 3D de Brigitte Dugas.

Bonne lecture!

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