jeudi 28 janvier 2010

Un p'tit v'lours

J'ai travaillé dans un autre contexte avec une enseignante qui participe à mon club vidéo de grammaire. Elle a mentionné que c'est le club vidéo qui a fait le plus bouger les pratiques des enseignants dans la classe et ce, depuis plusieurs années. Elle voit une différence majeure entre avant et après les rencontres. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de lui demander pourquoi, selon elle, le club vidéo était si efficace. Mais dans les post entrevues, je n'y manquerai pas. Nous en sommes à la moitié... J'ai hâte aux autoscopies!

Ah! Quand même, ça fait du bien à entendre!!! C'est bon pour le SEP!

3e rencontre: suite et fin!

Ouf! Après toutes ces réflexions sur la planification de ma rencontre, voilà que j'en avais trop mis... Nous avons eu le temps de faire la première partie seulement.

J'ai demandé d'abord, en ouverture, ce qu'ils avaient tenté depuis la dernière rencontre. Les trois enseignants du secondaire, ainsi que l'orthopédagogue ont témoigné de leurs essais. Ils ont mentionné l'intérêt des élèves pour ce genre d'exercice et ont dit être surpris des bonnes questions formulées par les élèves. Par exemple, des élèves ont demandé si tel mot était le sujet de tel verbe. Certains bons élèves ont aussi été mis à contribution afin de poser des questions sur des éléments plus précis. Enfin, un enseignant a profité des questions pour parler de toute la démarche de réflexion sous-entendue dans la question. Plutôt que répondre par oui ou par non, il répond par la connaissance procédurale. La réponse (connaissance déclarative) vient ensuite d'elle-même. Pour tous, il est trop tôt pour voir un effet dans les productions des élèves. Finalement, l'aspect du respect des élèves envers les questions des autres (ne pas rire ou dénigrer) a demandé une intervention de chacun et doit être ajusté.

Ensuite, j'ai demandé quelles étaient les manipulations enseignées dans leurs classes. Ils m'ont facilement nommé les quatre principales et leurs dérivés, mais ils ont constaté que personne (per-sonne!!!) n'utilisait l'encadrement pour trouver le sujet. Tout le monde utilise la question qui est-ce qui? Même chose pour trouver le CD et le CI: qui ? quoi ? à qui ? à quoi ? de qui ? de quoi ? Il aurait fallu que je sois mieux préparée pour argumenter que la manipulation est plus efficace que la question, mais dans le cadre d'un club vidéo, je n'ai pas de papier, je n'ai pas de tableau, je n'ai pas de feuilles d'exercices pour le faire. J'aurais pu, mais je n'étais pas prête (alors que si je donnais une formation sur la grammaire, je l'aurais été!). Nous avons donc discuté à partir d'exemples donnés oralement et donc nettement moins efficaces que sur papier ou au tableau.

J'avais malgré tout un exercice papier que je leur ai distribué par la suite. L'exercice du mot ferme dont on doit trouver la classe grammaticale dans quatre phrases différentes (La poule ferme la porte; la poule habite la ferme; la poule discute ferme; la poule a la cuisse ferme). Les enseignants ont été pris au dépourvu: pour certains, cet exercice entrait dans leur zone proximale de développement. D'autres se sont désengagés, car ils se disaient être incapables de le faire (entendre ici ne pas avoir les connaissances pour le faire). Je voulais en fait démontrer par cet exercice que les manipulations ne servent pas qu'à identifier une fonction, mais aussi une classe de mot. Et les enseignants sont tombés dans le panneau: ils m'ont dit que c'est la poule qui habite la ferme. Et alors? ça me dit que la poule est sujet mais ça ne me dit pas si ferme est un verbe, un nom, un adverbe ou un adjectif... Nous avons donc tourné longtemps autour des fonctions et des classes.

J'en suis finalement arrivée à la vidéo après environ 40 minutes! Nous avons visionné les 3 premières minutes (même pas!). J'ai dû revenir sur le contenu de la manipulation du dédoublement: à quoi il sert, dans quel but on s'en sert, quelle information il nous donne, etc. Puis, nous avons reculé les deux premières minutes pour réécouter l'élève. J'ai alors manqué à ma fonction de facilitatrice et j'ai dit moi-même que ce que je trouvais intéressant dans cet extrait, c'est que l'enseignant demande à l'élève de manipuler dans le contexte de la phrase. J'ai ensuite montré mon affiche sur la démarche. Certains enseignants ont été surpris et j'ai dû reclarifier plusieurs fois la démarche: manipulation dans le contexte de la phrase, jugement de grammaticalité et conclusion.

Après tout ce temps, il était 16h et je ne voulais pas commencer à moitié la 2e partie et nous avons pris rendez-vous pour la fin du mois de février.

J'ai eu plus l'impression de donner une formation en grammaire que d'animer un club vidéo, mais j'ai quand même aimé cette partie. Je sens que j'en ai déstabilisé plusieurs (pas trop j'espère) et certains disent avoir besoin de ces connaissances sur la grammaire actuelle. Quand même, ça a du bon, puisqu'ils veulent s'investir dans une formation plus formelle et savent pourquoi ils le font.

Le prochain club vidéo est donc tout monté: comment mêler un élève en utilisant des outils de grammaire traditionnelle alors que le problème serait solutionné plus rapidement avec les outils de la grammaire actuelle.

mardi 26 janvier 2010

3e rencontre: la suite...

J'ai pris la peine de réfléchir et de consulter mes collègues au sujet de la troisième rencontre de mon club vidéo grammatical. Voilà comment je procéderai:

D'abord, je demanderai aux enseignants de nommer les manipulations syntaxiques qu'ils utilisent et enseignent. Je m'attends à entendre les quatre manipulations principales (ajout, effacement, déplacement, rempalcement) et peut-être des dérivés (encadrement, pronominalisation, dédoublement). Je sortirai les affiches de ces manipulations que j'ai préparées. Les enseignants seront ensuite amenés à indiquer à quel moment sont utilisées ces manipulations. Je crois que les réponses tourneront autour d'exercices décontextualisés ou de la dictée. Je ferai ensuite faire l'exercice de la poule conçu par Isabelle Gauvin. Les enseignants devront utiliser les manipulations pour identifier la classe du mot «ferme» dans quatre contextes différents. Ils devront donc fort probablement lutter contre de vieux réflexes sémantiques... Cet exercice met vraiment à jour ceux qui baignent dans la nouvelle grammaire et ceux qui la connaissent de nom.

La vidéo arrivera à ce moment: les trois premières minutes de cette vidéo montrent comment l'enseignant travaille avec les manipulations: il fait redire la phrase en entier en incluant la manipulation. Cette étape est fréquemment négligée par les élèves et les enseignants et c'est la démarche complète que je veux illustrer (oups, illustrer...) Je fais la manipulation dans le contexte de la phrase, je me demande si ça se dit (jugement de grammaticalité) et j'en tire des conclusions. Je présenterai mon affiche conçue à cet effet.

La deuxième partie de l'atelier sera consacrée à un outil souvent méconnu pour analyser les phrases: la phrase de base. En effet, le modèle de la phrase de base (sujet + prédicat + complément de phrase) peut servir à diverses fins dont retrouver plus facilement les compléments pronominalisés et déplacés. Je ferai donc lire une interaction idéale entre un enseignant et un élève au sujet des mêmes trois phrases qui sont présentées dans la vidéo.

Ma voisine est malade. Je lui rends visite. Elle me remercie de ma gentillesse.

Dans cette interaction idéale, l'enseignant amène l'élève à reconstruire la phrase de base, dans le contexte de la phrase initiale (Je rends visite à ma voisine). L'élève arrive plus facilement à dégager les fonctions des pronoms. Évidemment, la conversation est idéale et l'élève répond ce qu'il faut, tout comme l'enseignant. Ce sera mentionné. Les enseignant devront poursuivre la conversation pour la troisième phrase. Cette interaction sera présentée comme exemple -oui. La vidéo, de 3 minutes à 7 minutes, sera présentée comme un exemple- non. Les enseignants devront identifier où il y a eu problème. À quel moment l'enseignant dévie-t-il d'une route prometteuse? Qu'aurait-il pu dire? Quel effet cela aurait eu chez l'élève?

Enfin, de 7 minutes à 13 minutes, les enseignants identifieront comment les manipulations pourraient être utilisées dans cet exercice précis. Ce sera le genre d'exercice ce qu'il faudrait plutôt dire...

La dernière partie de l'heure (s'il reste du temps), sera consacrée à la fin de la vidéo: l'élève confond les fonctions et l'enseignant le laisse aller. Les enseignants devront dire ce qu'ils feraient avec cet élève pour l'amener à mieux comprendre.

Voilà, je vous en donne des nouvelles demain!!!

vendredi 22 janvier 2010

Planification de la troisième rencontre du club vidéo grammatical

Depuis le début du club vidéo, trois films ont été présentés avec sensiblement la même approche: verbaliser les observations au sujet des interactions. Cette dimension pédagogique est stimulante et intéressante. Elle fait avancer des pratiques très rapidement, parce que les enseignants font des essais. Cependant, l'aspect didactique commence à me manquer. Je trouve que ma posture de «facilitatrice» m'empêche de dire des choses que je voudrais dire, surtout au sujet du métalangage employé par les élèves et l'enseignant.

J'ai donc pensé à présenter une vidéo suggérée par Isabelle Gauvin, doctorante et chargée de cours en grammaire. Cette vidéo est tirée de Zoom (no. 84). On y voit un enseignant qui travaille avec un élève sur les fonctions des pronoms. Son questionnement est excellent, mais l'aspect grammatical pose problème. Et c'est précisément ce que j'aimerais travailler dans cette rencontre-ci. Car il est bien possible de croire enseigner en grammaire actuelle, mais enseigner un hybride entre la grammaire traditionnelle et la grammaire moderne. C'est ce qui arrive dans cette vidéo et, j'en mets ma main au feu, dans les classes des enseignants que j'accompagne.

Je me demande donc comment les amener à observer que l'enseignant fait fausse route.

Je pensais leur faire d'abord un exemple-oui et utiliser la vidéo comme un exemple-non en grammaire actuelle. Je ferais donc une simulation d'un questionnement didactiquement correct, puis je projetterais la vidéo et je demanderais aux enseignants d'observer où l'enseignant fait fausse route.

Je me demande donc si cette manière de faire replace la vidéo dans une utilité illustrative plutôt qu'argumentative. Et si oui, est-ce correct quand même?

J'ai encore quelques jours avant la rencontre pour y penser...