mercredi 28 octobre 2009

Mon premier club vidéo

Le pop corn n'avait pas fini d'éclater quand je l'ai sorti du four micro-ondes et comme le bol était très gros, j'ai vraiment eu l'air chiche avec le petit fond de maïs soufflé que j'ai servi! Mais un club vidéo porte mal son nom sans son à-côté traditionnel!

C'est avec une certaine nervosité que j'ai abordé l'équipe des enseignants qui a accepté de se plier au jeu. Sur les huit recrutés, six étaient présents en cette première rencontre. Nous avons commencé vers 15h05 avec une courte présentation des modèles théoriques (Shulman, Hiebert et al.) afin de situer la démarche. Cette présentation a été bénéfique pour le déroulement de la rencontre et j'ai été en mesure d'y référer régulièrement. (Merci Robert pour la démonstration à la JPM :) )

La vidéo choisie était tirée de Zoom , dans la série de la dictée au pluriel: la dictée phrase du jour. J'ai choisi cette pratique car elle permet de mettre à jour beaucoup d'éléments de discussion. J'avais anticipé des observations sur le métalangage des élèves, sur les consignes de la dictée elle-même, sur la préparation de l'enseignante, sur la gestion de classe et sur les difficultés d'apprentissage d'une élève en particulier.

Ça n'a pris que quelques minutes pour qu'une première observation surgisse. Tout de suite, les enseignants ont été engagés dans la discussion. Les échanges ont duré pendant plus d'une heure. Certains ont quitté à l'heure prévue, d'autres ont continué d'échangé jusqu'à 16h45! Les enseignants allumés ont été allumés, les enseignants réservés sont demeurés plus réservés en cette première fois. J'ai oublié de mentionner le climat désiré en début de rencontre et je crois que cette omission a pu indisposer certains enseignants. J'aurai à le dire au début des prochaines rencontres. Afin d'y penser systématiquement, je crois que je pourrais inclure une diapositive dans le présentiel du début pour de futurs clubs vidéos...

Mes anticipations ont été assez justes. Cependant, j'aurai à revenir sur le métalangage. Les enseignants, malgré mes questions pour diriger leur réflexion, ne sont pas parvenus à nommer que les élèves doivent avoir une occasion de nommer le métalangage et que le fait que l'enseignant l'utilise ne garantit en rien que les élèves vont le réinvestir. Peut-être l'ont-ils compris sans le dire. Je devrai vérifier lors des prochaines rencontres. D'autre part, ils n'ont pas nommé les difficultés de la jeune demoiselle à la fin de la vidéo (emmitouflé dans un anorak bleu). C'est là que je comprends mieux comment on peut diriger le regard des enseignants: on peut leur demander le regarder ce que les élèves nous disent de leur compréhension de ce qui est enseigné. En leur donnant une consigne précise, on peut diriger le regard et les observations (ainsi que les interprétations?).

J'ai adoré mon expérience! J'ai eu l'impression que les enseignants se sont formés/animés par eux-mêmes. Et je sais que j'ai réussi à lancer quelques questions qui laissaient des silences de réflexion. Il est trop tôt pour connaitre l'impact de cette rencontre, mais la vision de certains enseignants s'est affirmée, leur motivation s'est attisée, leurs savoirs pédagogiques aussi et il reste à voir si la pratique va suivre. La beauté du club vidéo tient aussi dans le 2e cercle: vision partagée, engagement collectif, expertise et pratiques commune.

Pour être plus rigoureuse, je dirais que les quatre étapes de la démarche de Hiebert pourraient être décrites comme ceci:
1- Mes intentions étaient nombreuses (et auraient gagné à être plus ciblées)
D'abord, je voulais que les enseignants apprennent à discuter dans le cadre du club vidéo, échangent sur des observations et confrontent des points de vue.
Ensuite, je voulaient qu'ils apprennent une nouvelle manière de vivre la dictée dans une classe, autant du côté des consignes à suivre que du côté des avantages que procure une telle façon de faire.
Enfin, je voulais qu'ils sortent de la rencontre plus motivés qu'ils ne l'étaient avant d'entrer.
2- J'ai vu par leur non-verbal dans un premier temps et par leurs commentaires qu'ils posaient des questions sur le comment on vit la dictée phrase du jour, ils ont aussi été touchés par la qualité des réponses des élèves et l'utilisation du métalangage. Évidemment, les discussions ont débordé sur d'autres sujets connexes, mais toujours pertinents en lien avec l'enseignement.
3- Mes hypothèses sur le pourquoi de leurs apprentissages portent sur la qualité des échanges qu'ils ont eus entre eux et sur quelques questions que j'ai posées et dont je suis satisfaite. Je leur ai renvoyé beaucoup de questions, surtout vers la fin de la rencontre, de manière plus dirigée. Ils ont vu alors que je voulais les amener quelque part.
4- Pour une prochaine rencontre, je devrais réinvestir l'effort que je fais à poser des questions plutôt qu'apporter mon grain de sel. Je devrai aussi cibler une intention d'écoute plus précise: par exemple «à quoi sert le métalangage dans l'apprentissage?». Je pourrais aussi commencer le club vidéo en demandant qui a fait des essais et avec quels résultats (accompagnés ou non).

Voilà en vrac mes premières impressions! C'est une expérience à suivre.