mardi 24 février 2009

Preparing teacher to learn from teaching

J'ai croisé Pascale la semaine dernière et elle m'a informé que tu avais publié des billets dans ton blogs. Probablement en raison des droits d'accès, mon aggrégateur ne parvient pas à se mettre à jour et je n'ai donc pas été avisé. Pourrais-tu me donner le statut d'admin sur le blog pour que je puisse comprendre ce qui se passe (paramètres - autorisation).

Je te propose un premier texte que je trouve plutôt intéressant :


Ce texte met l'emphase sur l'habileté à interpréter des situations d'apprentissage comme étant un vecteur important du changement. Selon les auteurs, dans un contexte où nous ne pouvons accompagner les enseignants que dans un temps très court de leur formation, ces habiletés sont importantes pour maintenir la démarche de développement professionnel.

lundi 23 février 2009

Dossier Québec français 129.

Marie Nadeau et Carole Fisher
Renouveler à la fois la grammaire et son enseignement. (p. 54 à 57)

Cet article est un aperçu du livre La grammaire nouvelle, la comprendre et l'enseigner.

Les auteures présentent comment la grammaire actuelle est intéressante sur le plan de son contenu, mais aussi de son enseignement, car elle tient compte des nouvelles connaissances que nous avons sur l'apprentissage, comme sur les activités socioconstructivistes.

Elles proposent ensuite une démarche inductive pour enseigner certains concepts clés aux élèves. Cette démarche active de découverte (telle que proposée par Chartrand, 1996) est exemplifiée pour la notion de pluriel.

Elles précisent ensuite l'importance de tenir compte des représentations des élèves dans l'enseignement ainsi que de la place qu'on doit accorder à l'échange et à la discussion, au raisonnement et à la justification. Toujours, les auteures précisent que l'enseignant doit modéliser ses pensées, ses processus pour que les élèves intègrent cette façon de réfléchir sur la langue.

Les auteures insistent aussi sur l'importance d'organiser les connaissances et de les traiter en trois phases: préparation, réalisation et intégration afin que celles-ci aient un sens. Les exemples donnés dans cet article sont pertinents, comme le sont toujours les exemples de Nadeau et Fisher (la classe des mots montre ou griffe = impossible à dire sans le contexte).

L'enseignement des procédures, nombreuses et en contexte pour identifier les fonctions des groupes et les classes des mots est abordé en lien avec l'automatisation des procédures, la dictée zéro faute et la question du transfert en travaillant sur des textes d'élèves.

Toutes les références de cet article sont intéressantes.
Je reviendrai plus en profondeur sur ces aspects lors de ma relecture du livre.

Jocelyne Cauchon
La sémantique et la syntaxe au troisième cycle du primaire. (p. 58-59)

Article tout à fait intéressant qui donne des pistes pour travailler le groupe verbal.

En travaillant sur ce que l'auteure nomme les participants du verbe, l'élève se prépare pour la 1re secondaire. Cet exercice permet aux élèves de faire les bons choix de prépositions, de s'éloigner de la formulation orale et de préparer le choix des pronoms relatifs au secondaire. Cet exercice permet d'enseigner à partir des erreurs des élèves, autant à l'oral qu'à l'écrit.

Lors d'une formation en grammaire nouvelle au primaire, j'ai «osé» faire référence aux termes de verbes transitifs directs, indirects, ditransitifs et intransitifs (voir Boivin et Pinsonneault, entre autres). Les enseignants ont eu un vague souvenir de ces termes, mais beaucoup trop techniques... (Comme dit Chartrand, nous avons parfois peur du métalangage... (QF 129 p. 76) J'aime bien l'idée de «participants». Or, j'avais abordé ce sujet pour expliquer que certains verbes «commandent» des compléments directs, d'autres, des compléments indirects ou les deux, ou aucun . Les élèves du troisième cycle (ou à tout le moins les enseignants) pouvaient donc avoir un argument de plus pour déterminer si des compléments ambigüs étaient des compléments de phrase ou des compléments indirects du verbe.

Par exemple, dans la phrase Les clients furieux ont réclamé le remboursement de leurs achats au vendeur.
Les enseignants identifiaient au vendeur comme complément de phrase:
- ils l'effaçaient: Les clients furieux ont réclamé le remboursement de leurs achats.
-ils le déplaçaient: Au vendeur, les clients furieux ont réclamé le remboursement de leurs achats;
-et ils le dédoublaient: Les clients furieux ont réclamé le remboursement de leurs achats et ils le font au vendeur.

Or, je considère que ces manipulations sont ambigües et ne me convainquent pas sur le plan du jugement de grammaticalité. Il ne me restait que l'argument des participants: on réclame quelque chose à quelqu'un, en plus de l'argument de la pronominalisation par lui.

Cet article tout simple présente des activités concrètes comme les enseignants en demandent.

Marie Nadeau
La grammaire au 1er cycle du primaire. (p. 60 à 63)

Oui, il est possible de faire des interventions en grammaire au 1er cycle du primaire. C'est ce qu'avance Marie Nadeau. Les notions de base de la grammaire doivent être abordées de manière explicite et de la bonne façon pour préparer le terrain aux futurs apprentissages.

D'abord, la notion du mot qui doit représenter pour les élèves une unité de sens. L'auteure propose des activités très concrètes pour aider les élèves: différencier des mots et des non-mots, découper les mots à l'écrit en les remplaçants, etc.

Ensuite, la notion de groupe de mots: diviser les groupes dans la phrase aux endroits appropriés. Ici, pas besoin d'avoir des attentes trop élevées: demander aux élèves des regroupements logiques, sensés.

Puis, la notion de phrase: partir du sens, nommer ses constructions acceptables et inacceptables, découper les groupes, effacer ce qui peut l'être, etc. Les élèves ont des intuitions linguistiques; il faut s'en servir pour les amener à réfléchir.

Même si la notion de verbe doit être vue au 2e cycle, elle demeure essentielle à l'écriture de phrases bien construites. Il faut donc aborder ce concept. Nadeau propose la méthode du contraste avec la manipulation de l'ajout de ne ... pas autour du verbe conjugué. Elle enchaîne avec une procédure de ponctuation: pour aider les élèves à bien ponctuer leurs phrases (et éviter de faire d'une longue phrase un texte), on aide les élèves à repérer le verbe, ce qui vient avant, ce qui vient après et d'utiliser la majuscule et le point pour délimiter les idées. Elle propose ensuite de complexifier les phrases (ex: à deux verbes) pour permettre aux élèves d'écrire des phrases de plus en plus complexes.

En conclusion, Nadeau rappelle que la conscience métalinguistique et les jugements sur la phrase permettent aux élèves de mieux distinguer les phrases bien construites. Les manipulations deviennent des outils pour valider ou invalider des hypothèses et sont à la portée des élèves. Si les élèves du premier cycle maitrisent bien ces concepts de base, les apprentissages au 2e cycle se feront sans doute beaucoup plus facilement.

Comme cet article est intéressant! En effet, les enseignantes du 1er cycle, surtout de 1re année, ont tendance à croire que la grammaire n'est pas pour elles. Les enfants apprennent à lire et à écrire et c'est bien suffisant. Je suis contente d'avoir ce genre d'article et d'activités à proposer, d'autant plus que les grammaires scolaires ne commencent qu'au 2e cycle...

Un point me questionne cependant: si on part du mot, au groupe de mots, à la phrase, nous procédons à l'inverse de ce que propose la grammaire actuelle! Est-ce qu'on peut le justifier en disant que le mot est l'unité de départ la plus connue pour l'enfant de 6-7 ans et qu'il faut partir de ses connaissances antérieures?

Raphaël Riente et Karine Pouliot
Le renouvellement de l'enseignement grammatical. (p. 64-65)

Pour les enseignants du secondaire (les 15 qui ont répondu au sondage!!), ce qui a changé le plus dans leur pratique enseignante sont les aspects suivants (qui peuvent devenir des cibles pour une formation de la grammaire actuelle au primaire)

1- prendre la phrase comme unité de départ;
2- enseigner la syntaxe à partir du modèle de la phrase de base;
3- enseigner le découpage des mots à partir des groupes de mots;
4- modifier le métalangage grammatical;
5- inciter les élèves à faire des manipulations syntaxiques;
6- recourir à la démarche inductive, quand c'est pertinent.

Claude Vargas
La grammaire scolaire en France à l'aube du XXIe siècle. (p. 69 à 72)

La fin de cet article me paraît intéressante:

«Les élèves devraient ainsi pouvoir vivre les activités grammaticales non plus comme des activités formelles, c'est-à-dire auxquelles ils ne peuvent donner de sens, mais comme des activités fonctionnelles, c'est-à-dire qui jouent un rôle concret dans la réussite de certaines tâches ou projets, et auxquelles ils peuvent donner du sens.»

La grammaire actuelle permet de réfléchir à la langue dans un contexte de lecture et d'écriture signifiant.

Suzanne-G. Chartrand
Sept chantiers pour travailler la grammaire en classe. (p. 73 à 76)

L'auteure résume la position qu'elle aborde dans son livre Pour un nouvel enseignement de la grammaire. Elle propose sept chantiers qui s'articulent autour de la lecture et de l'écriture.

1- S'attarder aux connaissances antérieures et aux représentations;
2- Observer un phénomène grammatical dans plusieurs contextes;
3- Découvrir la régularité de ce phénomène par des manipulations et des procédures stables;
4- S'exercer;
5- Établir des procédures de révision;
6- Rétroagir et écouter les rétroactions;
7- Utiliser des sources de référence.

Chartrand fait un encadré sur l'importance du métalangage. Il ne faut pas avoir peur de nommer un prédicat par son nom. Elle revient toujours à l'aspect de la rigueur dans l'enseignement/apprentissage de la grammaire.

Chartrand aborde ici la démarche active de découverte que j'explorerai plus en détail lors de la relecture de son livre.

lundi 9 février 2009

Pascale Lefrançois, Québec français (131)

Pascale Lefrançois

Québec français (131), p. 53-54.

Lefrançois explique l’évolution de la langue et la nouvelle grammaire comme étant des changements liés à la linguistique et l’enseignement de la grammaire actuelle comme étant lié à la didactique. Ce point de départ fait écho au premier mythe de Desnoyers (la nouvelle grammaire est un caprice de fonctionnaire du ministère de l’éducation!). Parfois, les enseignants ont besoin d’entendre ce genre de remarque pour désamorcer une attitude négative face aux changements.

Plutôt que de parler de changement radical d’une grammaire à une autre, l’auteure propose une évolution de la langue et de l’enseignement de la grammaire vers une autre façon de voir qui laisse la porte ouverte à d’autres nouveautés. Cette évolution viendra nécessairement ajouter de nouveaux savoirs plus tard en réponse aux problèmes qui ressurgissent de cette manière d’expliquer le fonctionnement de la langue.

Par exemple, le GN faisant partie du GPrép n’a pas de fonction… Ce «trou» dans les explications pose problème aux enseignants qui ne sont pas convaincus de changer et qui voient qu’en plus, ce n’est pas parfait. Ils ont l’impression de devoir délaisser un système parfaitement complet (même si ce n’est pas le cas) pour un système inachevé, ce qui alimente leurs résistances.

Le troisième mythe de Desnoyers est encore abordé dans la suite de l’article de Lefrançois : ce n’est pas que la terminologie qui a changé. Elle énonce donc les principaux changements de point de vue de la grammaire actuelle en lien avec les avantages qu’ils procurent :

Le principe de phrase syntaxique (vs graphique);
L’analyse par les propriétés syntaxiques plutôt que sémantiques;
o Amène l’élève à comprendre ses erreurs de syntaxe quand il manque un groupe essentiel;
o Amène l’élève à enrichir sa phrase;
o Facilite la construction de subordonnées;
o Aide l’élève à comprendre la structure des phrases transformées.

La notion de groupe syntaxique plutôt que l’analyse des mots pris isolément;
o Amène l’élève à enrichir sa phrase de plusieurs manières;
o Facilite les accords dans le groupe.

Les manipulations syntaxiques;
o Facilite les accords.

Le point de vue du général au particulier (de P, à groupe, à mots) au lieu de partir du mot vers la phrase;
o Fait plus de sens pour l’élève;
o Facilite la détection d’erreurs de syntaxe.

La grammaire de la phrase est incluse dans la grammaire textuelle.
o Aide à la progression et à la reprise de l’information dans la construction d’un texte.


La deuxième partie de l’article traite de l’enseignement de cette grammaire dite nouvelle.

1- On ne jette pas le bébé avec l’eau du bain : les exercices sont nécessaires pour créer des automatismes. Cependant, il faut amener les élèves à réfléchir sur la langue. Il faut leur enseigner une démarche pour guider l’écriture et les accords plutôt que de donner des recettes toutes faites, des trucs à mémoriser (incluant une liste inévitable d’exceptions).

2- La démarche inductive est employée pour des notions qui sont assez complexes pour la justifier. Les élèves étudient des corpus de phrases et reconstituent la règle de grammaire qu’ils retrouvent dans les ouvrages de référence. Il faut s’en servir à bon escient.

3- La démarche déductive est aussi efficace quand elle part de productions d’élèves. Quand l’enseignant remarque une erreur récurrente, il présente ce type d’erreur aux élèves et il le soumet à l’analyse. Les exercices deviennent ainsi plus contextualisés, «partie intégrante de toute activité d’écriture».

La conclusion indique la position de l’enseignant : il est un modèle qui réfléchit, modélise, fait des erreurs et les corrige. L’enseignant est donc un apprenant face à la langue, tout comme ses élèves.

Cet article est un excellent résumé des changements apportés par la grammaire actuelle. Il traite aussi bien de la grammaire que de l’enseignement de celle-ci. C’est un article qui gagnerait à être photocopié dans les pochettes pour une première rencontre.