Marie Nadeau et Carole FisherRenouveler à la fois la grammaire et son enseignement. (p. 54 à 57)Cet article est un aperçu du livre
La grammaire nouvelle, la comprendre et l'enseigner.
Les auteures présentent comment la grammaire actuelle est intéressante sur le plan de son contenu, mais aussi de son enseignement, car elle tient compte des nouvelles connaissances que nous avons sur l'apprentissage, comme sur les activités socioconstructivistes.
Elles proposent ensuite une démarche inductive pour enseigner certains concepts clés aux élèves. Cette démarche active de découverte (telle que proposée par Chartrand, 1996) est exemplifiée pour la notion de pluriel.
Elles précisent ensuite l'importance de tenir compte des représentations des élèves dans l'enseignement ainsi que de la place qu'on doit accorder à l'échange et à la discussion, au raisonnement et à la justification. Toujours, les auteures précisent que l'enseignant doit modéliser ses pensées, ses processus pour que les élèves intègrent cette façon de réfléchir sur la langue.
Les auteures insistent aussi sur l'importance d'organiser les connaissances et de les traiter en trois phases: préparation, réalisation et intégration afin que celles-ci aient un sens. Les exemples donnés dans cet article sont pertinents, comme le sont toujours les exemples de Nadeau et Fisher (la classe des mots
montre ou
griffe = impossible à dire sans le contexte).
L'enseignement des procédures, nombreuses et en contexte pour identifier les fonctions des groupes et les classes des mots est abordé en lien avec l'automatisation des procédures, la dictée zéro faute et la question du transfert en travaillant sur des textes d'élèves.
Toutes les références de cet article sont intéressantes.
Je reviendrai plus en profondeur sur ces aspects lors de ma relecture du livre.
Jocelyne CauchonLa sémantique et la syntaxe au troisième cycle du primaire. (p. 58-59)Article tout à fait intéressant qui donne des pistes pour travailler le groupe verbal.
En travaillant sur ce que l'auteure nomme les participants du verbe, l'élève se prépare pour la 1re secondaire. Cet exercice permet aux élèves de faire les bons choix de prépositions, de s'éloigner de la formulation orale et de préparer le choix des pronoms relatifs au secondaire. Cet exercice permet d'enseigner à partir des erreurs des élèves, autant à l'oral qu'à l'écrit.
Lors d'une formation en grammaire nouvelle au primaire, j'ai «osé» faire référence aux termes de verbes transitifs directs, indirects, ditransitifs et intransitifs (voir Boivin et Pinsonneault, entre autres). Les enseignants ont eu un vague souvenir de ces termes, mais beaucoup trop techniques... (Comme dit Chartrand, nous avons parfois peur du métalangage... (QF 129 p. 76) J'aime bien l'idée de «participants». Or, j'avais abordé ce sujet pour expliquer que certains verbes «commandent» des compléments directs, d'autres, des compléments indirects ou les deux, ou aucun . Les élèves du troisième cycle (ou à tout le moins les enseignants) pouvaient donc avoir un argument de plus pour déterminer si des compléments ambigüs étaient des compléments de phrase ou des compléments indirects du verbe. Par exemple, dans la phrase Les clients furieux ont réclamé le remboursement de leurs achats au vendeur. Les enseignants identifiaient au vendeur
comme complément de phrase: - ils l'effaçaient: Les clients furieux ont réclamé le remboursement de leurs achats.
-ils le déplaçaient: Au vendeur, les clients furieux ont réclamé le remboursement de leurs achats;
-
et ils le dédoublaient: Les clients furieux ont réclamé le remboursement de leurs achats et
ils le font au vendeur.
Or, je considère que ces manipulations sont ambigües et ne me convainquent pas sur le plan du jugement de grammaticalité. Il ne me restait que l'argument des participants: on réclame quelque chose à quelqu'un, en plus de l'argument de la pronominalisation par lui
.Cet article tout simple présente des activités concrètes comme les enseignants en demandent.Marie NadeauLa grammaire au 1er cycle du primaire. (p. 60 à 63)Oui, il est possible de faire des interventions en grammaire au 1er cycle du primaire. C'est ce qu'avance Marie Nadeau. Les notions de base de la grammaire doivent être abordées de manière explicite et de la bonne façon pour préparer le terrain aux futurs apprentissages.
D'abord, la notion du mot qui doit représenter pour les élèves une unité de sens. L'auteure propose des activités très concrètes pour aider les élèves: différencier des mots et des non-mots, découper les mots à l'écrit en les remplaçants, etc.
Ensuite, la notion de groupe de mots: diviser les groupes dans la phrase aux endroits appropriés. Ici, pas besoin d'avoir des attentes trop élevées: demander aux élèves des regroupements logiques, sensés.
Puis, la notion de phrase: partir du sens, nommer ses constructions acceptables et inacceptables, découper les groupes, effacer ce qui peut l'être, etc. Les élèves ont des intuitions linguistiques; il faut s'en servir pour les amener à réfléchir.
Même si la notion de verbe doit être vue au 2e cycle, elle demeure essentielle à l'écriture de phrases bien construites. Il faut donc aborder ce concept. Nadeau propose la méthode du contraste avec la manipulation de l'ajout de
ne ... pas autour du verbe conjugué. Elle enchaîne avec une procédure de ponctuation: pour aider les élèves à bien ponctuer leurs phrases (et éviter de faire d'une longue phrase un texte), on aide les élèves à repérer le verbe, ce qui vient avant, ce qui vient après et d'utiliser la majuscule et le point pour délimiter les idées. Elle propose ensuite de complexifier les phrases (ex: à deux verbes) pour permettre aux élèves d'écrire des phrases de plus en plus complexes.
En conclusion, Nadeau rappelle que la conscience métalinguistique et les jugements sur la phrase permettent aux élèves de mieux distinguer les phrases bien construites. Les manipulations deviennent des outils pour valider ou invalider des hypothèses et sont à la portée des élèves. Si les élèves du premier cycle maitrisent bien ces concepts de base, les apprentissages au 2e cycle se feront sans doute beaucoup plus facilement.
Comme cet article est intéressant! En effet, les enseignantes du 1er cycle, surtout de 1re année, ont tendance à croire que la grammaire n'est pas pour elles. Les enfants apprennent à lire et à écrire et c'est bien suffisant. Je suis contente d'avoir ce genre d'article et d'activités à proposer, d'autant plus que les grammaires scolaires ne commencent qu'au 2e cycle...Un point me questionne cependant: si on part du mot, au groupe de mots, à la phrase, nous procédons à l'inverse de ce que propose la grammaire actuelle! Est-ce qu'on peut le justifier en disant que le mot est l'unité de départ la plus connue pour l'enfant de 6-7 ans et qu'il faut partir de ses connaissances antérieures?Raphaël Riente et Karine PouliotLe renouvellement de l'enseignement grammatical. (p. 64-65)Pour les enseignants du secondaire (les 15 qui ont répondu au sondage!!), ce qui a changé le plus dans leur pratique enseignante sont les aspects suivants
(qui peuvent devenir des cibles pour une formation de la grammaire actuelle au primaire)1- prendre la phrase comme unité de départ;
2- enseigner la syntaxe à partir du modèle de la phrase de base;
3- enseigner le découpage des mots à partir des groupes de mots;
4- modifier le métalangage grammatical;
5- inciter les élèves à faire des manipulations syntaxiques;
6- recourir à la démarche inductive, quand c'est pertinent.
Claude VargasLa grammaire scolaire en France à l'aube du XXIe siècle. (p. 69 à 72)La fin de cet article me paraît intéressante:
«Les élèves devraient ainsi pouvoir vivre les activités grammaticales non plus comme des activités formelles, c'est-à-dire auxquelles ils ne peuvent donner de sens, mais comme des activités fonctionnelles, c'est-à-dire qui jouent un rôle concret dans la réussite de certaines tâches ou projets, et auxquelles ils peuvent donner du sens.»
La grammaire actuelle permet de réfléchir à la langue dans un contexte de lecture et d'écriture signifiant.Suzanne-G. ChartrandSept chantiers pour travailler la grammaire en classe. (p. 73 à 76)L'auteure résume la position qu'elle aborde dans son livre
Pour un nouvel enseignement de la grammaire. Elle propose sept chantiers qui s'articulent autour de la lecture et de l'écriture.
1- S'attarder aux connaissances antérieures et aux représentations;
2- Observer un phénomène grammatical dans plusieurs contextes;
3- Découvrir la régularité de ce phénomène par des manipulations et des procédures stables;
4- S'exercer;
5- Établir des procédures de révision;
6- Rétroagir et écouter les rétroactions;
7- Utiliser des sources de référence.
Chartrand fait un encadré sur l'importance du métalangage. Il ne faut pas avoir peur de nommer un prédicat par son nom. Elle revient toujours à l'aspect de la rigueur dans l'enseignement/apprentissage de la grammaire.
Chartrand aborde ici la démarche active de découverte que j'explorerai plus en détail lors de la relecture de son livre.