mardi 30 mars 2010

La première autoscopie: mes commentaires

Je revisionne à l'instant le club vidéo de cet après-midi, car pour la première fois, j'ai besoin de revoir pour juger de ce qui s'est passé. Je dois mentionner aussi que vendredi dernier, j'ai donné une journée complète de formation en grammaire actuelle à ces enseignants (et une trentaine d'autres). J'y fais référence au cours du club vidéo.

J'ai commencé par rappeler l'intention de la rencontre pour mettre tout le monde à l'aise, rappeler que je voulais des interventions au sujets de la grammaire et non de la gestion de la classe (mais peut-être que j'influence trop les commentaires et que je n'aurais pas dû diriger? Note à moi-même: je suis confuse entre ma recherche et mon travail. En faisant mon travail de cp, je pense que je dois préciser ce genre de consigne. En faisant mon travail de recherche, je sens que je dois m'effacer et laisser libres les enseignants de commenter ce qu'ils voient pour éviter de les diriger et ainsi voir - analyser leur progression, leur vision changer de direction (ou non).). J'ai enfin précisé que mon rôle était de nourrir les discussions mais pas de me positionner et intervenir au même titre qu'eux (ce que je n'ai pas toujours fait...).

Le cours que l'enseignante et l'orthopédagogue ont présenté portait sur la procédure d'accord entre le sujet et le verbe. Les élèves trouvaient le verbe par des manipulations, puis trouvaient le sujet par des manipulations et enfin, s'exercaient à faire les bons accords. L'ensemble de la leçon était plutôt magistral. J'ai été surprise que certains enseignants du groupe club vidéo aient appris des manipulations à l'écoute de cette vidéo, par exemple, que le verbe s'encadre par ne... pas. C'était d'ailleurs la première intervention, sur le contenu plutôt que sur le comment.

Le 2e arrêt a porté d'abord sur une anecdote de tournage, mais j'ai profité de la pause pour questionner les enseignants. Des interventions très à propos ont émergé au sujet de la reformulation de l'orthopédagogue et sur l'utilisation d'un exemple-non pour montrer que la manipulation de l'encadrement se fait sur un verbe uniquement et pas une autre classe de mot (ici, le nom «décor» qui, dans un autre contexte, peut devenir un verbe ex:«je décore».) J'ai alors rappelé de réaliser les manipulations dans le contexte de la phrase. Aurais-je dû ajouter ce commentaire?

L'arrêt suivant a porté sur un exemple où l'encadrement par ne ... pas ne fonctionne pas: le temps composé qui n'encadre que l'auxiliaire. L'exemple n'était pas volontaire, mais néanmoins brillant, ce que je n'ai pu m'empêché de féliciter. Puis, une autre enseignante a demandé ce qu'il fallait faire pour aider les élèves à passer par dessus cette difficulté. J'ai pensé à leur renvoyer la question et mettre à profit les connaissances de tous pour y répondre. Mais j'ai encore mis mon grain de sel dans la réponse...

Un questionnement est survenu ensuite sur la notion de «mot d'action» pour désigner le verbe. L'intuition ici portait sur un doute entre ancienne et nouvelle grammaire. Je ne me suis pas mouillée ici, j'ai renvoyé les questions, mais il aurait peut-être fallu que je valide? À réécouter l'extrait, je ne crois pas, finalement: ils s'en sont fort bien sorti.

J'ai voulu ensuite attirer l'attention sur un autre extrait, mais je n'ai pas positionné le curseur au bon endroit et un enseignant a relevé autre chose: la phrase de base = sujet, verbe, complément. Il a parlé de la notion de groupe, et le mot complément tout seul qui pouvait renvoyer au verbe ou à la phrase. Puis, quelqu'un d'autre a parlé de prédicat. Un très bel échange a suivi à propos du libellé de la phrase de base. Mais, il a encore fallu que j'ajoute mon grain de sel... J'ai précisé qu'on parle d'un groupe sujet de la phrase (et non du verbe), d'un groupe prédicat de la phrase et du complément de la phrase. J'ai heurté des représentations avec cela... «Et si la phrase a plusieurs verbes?», question à laquelle j'ai - nous avons répondu qu'il fallait défaire toutes les phrases en phrases simples qui n'ont qu'un seul verbe conjugué. Et j'ai rappelé l'exercice de la semaine précédente: Mais qu'est-ce qu'une phrase? exercice qui n'avait pas été très apprécié des enseignants du secondaire. J'étais contente ici de pouvoir justifier la pertinence d'un tel exercice. Encore une question sur la grammaire traditionnelle: la notion de proposition à laquelle j'ai répondu d'office, sans réfléchir à renvoyer la question. Finalement, j'ai occupé le plancher pas mal :( Nous avons terminé l'échange sur le nécessité de reconstruire les phrases de base (l'affiche que j'avais pensé sortir et placer au tableau), reconstruction qui peut être considérée comme un outil de travail, au même titre que les manipulations.

Les enseignants se sont questionné sur leur changement en cours d'année. Est-ce que je dois introduire la notion de prédicat, les manipulations, la phrase de base au mois de mars ou je dois attendre septembre prochain? Je les ai laisse discuter. Plus tard, le sujet est revenu et ils ont dit qu'ils se sentaient à l'aise de dire aux élèves qu'ils suivaient des formations et qu'ils allaient expliquer autrement désormais pour certains éléments plus faciles à intégrer.

Un commentaire est venu sur la manipulation de l'encadrement du sujet par c'est... qui. Des élèves ont répondu utiliser C'est qui qui...? Le fameux Kiki qui revient! Belle dérive!

Une autre limite de l'encadrement du verbe par ne ...pas a été amenée (involontairement) par les enseignantes: la présence d'un pronom devant le verbe. L'élève qui encadre dit ceci: «des cuisines, une odeur nous ne parvenait pas...» et quelqu'un demande «ça se dit?». Belle colle! J'ai réussi, je crois, à relancer la question: j'ai demandé pourquoi l'élève pose cette question et j'ai référé aux travaux d'Isabelle Gauvin sur les intuitions grammaticales des élèves. J'ai demandé aux enseignants ce qu'ils feraient pour expliquer cela aux élèves: une idée d'affiche a émergé...

Le débat s'est poursuivi sur la procédure pour trouver un sujet: la question qui est-ce qui peut continuer si elle est efficace pour l'élève, en plus des manipulations enseignées. C'est le constat des enseignants. Ils ont aimé la phrase inversée pour montrer que le réflexe est de regarder à la gauche du verbe pour trouver le sujet, mais le c'est... qui fonctionne mieux.

En réécoutant, je m'aperçois que j'ai manqué une ouverture au sujet du mot d'action: un enseignant argumente que l'élève comprend que «des cuisines» n'est pas le sujet parce qu'il ne fait pas l'action de parvenir. Or, dans une phrase passive, le sujet grammatical de la phrase ne fait pas l'action non plus... raison pour éviter de parler de mot d'action. Flûte...

L'extrait suivant a peut-être été trop dirigé... Ils ont cherché à savoir ce que je voulais qu'ils disent plutôt que de faire des observations. Re-flûte. Un élève lève la main pour répondre que le verbe est «aviez». Or, le verbe est «aviez photographié». Il n'a donc pas compris l'explication précédente au sujet des temps simples et composés. Personne ne relève l'erreur. On ne sait pas s'il a compris ou non et on n'intervient pas avec lui. J'ai posé la question suivante: est-ce que c'était clair pour les élèves que le verbe était «aviez photographié»? Réponse: pour la plupart. J'ai reprécisé plus tard par une autre question: «a-t-il compris pourquoi le verbe n'est pas «aviez»?» Et j'ai répondu moi-même à ma question... Re-re-flûte... Peut-être que les orthopédagogues, qui étaient absentes à cette rencontre, auraient identifié ce que je voulais avec leur lunette d'élèves en difficulté.

Pour finir en beauté: une discussion sur le retour au contexte de la phrase pour faire les manipulations (Yé! Ça s'intègre!), la difficulté du sujet «tout le monde» à la 3e personne du singulier, vs on-nous. Et dernier échange sur l'exercice proposé de repérage d'erreurs qui demande aux élèves une démarche complète de la procédure enseignée. Encore dirigé et commenté par ... ben oui, moi. (Mais pour ma défense, cette fois-ci, le temps était dépassé et j'ai voulu accélérer...)

Ça ne se bouscule pas aux portes pour la prochaine autoscopie. J'espère avoir un autre volontaire.

lundi 29 mars 2010

Vers la première autoscopie

Demain aura lieu la première rencontre dont la vidéo provient de la classe d'un participant au club vidéo. Je trouve que cela augmente le niveau de difficulté pour l'animatrice, car après un premier visionnement chez moi, dans le confort de mon bureau, je m'aperçois que j'observe plein de choses, plein d'interactions, plein d'éléments didactiques et pédagogiques dont j'aimerais parler, mais il ne faudra pas que je le fasse. Même par questions détournées.

Je crois que, demain, je devrai me positionner en facilitatrice d'échanges tout simplement. Je devrai m'assurer que chacun prenne la parole dans le respect, que chacun pose des questions et arrive à formuler des réponses, tout cela sans que l'enseignante qui a filmé son groupe se sente jugée par ses collègues ni par moi. Je ne crois pas que ça arrivera, mais je veux demeurer vigilante. Le but sera de discuter autour d'un problème commun: ici, la vidéo sert de base à l'échange (je me pratique à dire ça, pour demain :) ) Il ne s'agit aucunement d'une évaluation et je sens que je me trouve dans cette fâcheuse posture... Je devrai m'en défaire d'ici demain.

Les deux enseignantes qui ont filmé la leçon ont sélectionné des extraits qui m'apparaissent intéressants, mais d'autres extraits sont ressortis lors de mon écoute intégrale de la période. Peut-être que si je montrais ces bouts «coupés au montage», ce serait mon commentaire éditorial? Ce serait une manière d'attirer l'attention sur ce qui me dérange ou me plait et dont on peut discuter. .. Mais je trouve cela risqué de me mettre les pieds dans les plats... mmm j'y pense encore...

Les enseignantes ont aussi tourné la vidéo en positionnant une caméra fixe vers les élèves (certains élèves), de sorte qu'on ne voit ni les enseignantes, ni le tableau, ni les phrases, ni les feuilles. Je trouve difficile d'observer le travail des enseignantes que je ne vois pas, mais au fond, je peux considérer que j'ai quand même leur point de vue : les élèves. Or, je suis certaine que l'aspect «gestion de classe» va ressortir dans les commentaires (un tel regarde l'heure, une telle fait autre chose), alors que ce n'est pas l'objet de discussion qui m'intéresse. Est-ce que je devrais orienter les discusisons dès le départ? Je veux que vous parliez de grammaire? Dois-je être aussi directe?

J'ai quand même bien hâte à demain pour vivre cette première autoscopie. Je vous en donne des nouvelles demain!