vendredi 23 avril 2010

Sixième rencontre du club vidéo

Drôle de première impression que je garde de cette rencontre...

Je crois qu'elle s'est bien déroulée, mais je n'en ressors pas plus emballée qu'il faut. Pourquoi?

Peut-être parce qu'il n'y a pas eu autoscopie comme c'était prévu. Le manque de temps n'a pas permis le tournage. Aussi, le manque de volontaires a fait en sorte que l'enseignante disposée à se filmer n'a pas eu le temps de le faire. Mais si quelqu'un d'autre avait voulu, ça aurait été possible... Bref, l'autoscopie a ralenti les choses.

De plus, la dernière autoscopie a failli me faire perdre un membre: le malaise à commenter un pair a déstabilisé quelqu'un que j'ai réussi à convaincre de revenir en proposant une vidéo publiée. Avant la rencontre, j'ai eu la chance de discuter avec cette personne pour questionner son malaise. Elle m'a dit que les relations dans l'équipe n'étaient pas au beau fixe et elle s'était sentie dérangée par certaines attitudes de défense de collègues. Alors il ne s'agit pas que de mon animation (je m'attribue une partie du blâme), mais du climat d'école qui règne et sur lequel je n'ai pas de pouvoir.

Autre raison qui me fait douter de la portée de ce club vidéo: l'épuisement des ressources vidéo en grammaire et syntaxe, surtout pour le secondaire. J'ai laissé le choix de deux vidéos: la découverte de règles orthographiques (pour l'induction) et la dictée coopérative (pour les interactions entre élèves). Le groupe (enfin... le groupe influencé par les orthopédagogues) a choisi de commenter l'orthographe. Je me sens définitivement plus à l'aise en grammaire...

J'ai repris mon habitude de commencer par demander ce qui avait été mis en pratique depuis la dernière rencontre. Ce sont des connaissances qui ont émergé: une enseignante avait bâti une démarche au sujet de l'accord du participe passé. Elle dit avoir appris des manipulations dans la formation en grammaire et les avoir réinvesties dans cette démarche.

Je ne suis pas vite vite pour commenter ce genre de démarche. De plus, comme je voulais m'efforcer de m'effacer dans cette rencontre, je ne me suis pas prononcée, mais plus j'y repense, plus je me dis que ce genre de procédurier cloisonne encore des savoirs dans des silos; l'élève ne comprend toujours pas la structure de la phrase: il l'analyse encore mot à mot. Les élèves confondent tous les sons en é avec des participes passés. Les mots «escalier» ou «farfelu» deviennent des participes passés. Comment faire pour les amener à comprendre l'ensemble de la phrase et l'organisation des groupes pour éviter de confondre les classes de mots? Je crois que le procédurier (la démarche en plusieurs étapes) sert à une personne qui a une connaissance finie et achevée d'une notion, mais pas à un apprenant. Quel genre de question aurais-je pu poser pour les amener à le voir autrement? Je leur ai cependant demandé pourquoi les élèves étaient mêlés à ce point (pour confondre toutes les classes de mots)!? La réponse qu'ils m'ont servi m'a un peu déçue: ils m'ont dit que ce ne sont pas tous les élèves qui ont de la difficulté et que pour la plupart, ça va! Ils ont minimisé la dificutlé. Alors pourquoi cet acharnement à régler les participes passés avec tout le monde??? Calmons-nous... Voilà pour la partie des premiers échanges.

Nous avons démarré la vidéo de Natasha Lareau (sur le site de Zoom) qui présente des mots d'orthographe et qui demande aux élèves de relever la règle. Quatre discussions ont émergé.

D'abord, la pertinence de travailler par induction. Certains mentionnent le faire déjà à l'occasion et ils remarquent que les élèves sont plus actifs, que ceux-ci voient mieux la pertinence d'apprendre ce qu'ils découvrent. Nous sommes restés en surface de ce thème. J'aurais aimé être mieux préparée à les renvoyer à l'organisation des connaissances pour les élèves et pour l'enseignant. Je leur ai quand même demandé comment il était possible d'enseigner ce genre de connaissance et quand ils m'ont relancée sur d'autre manières de faire, je leur ai demandé de patienter à la prochaine capsule de formation. Ça fait drôle, quand même de ne pas répondre tout de suite. Mais ils savent qu'ils vont obtenir leur réponse...

Ensuite, nous avons discuté de la différence entre enseigner (et faire apprendre) des mots d'orthographe versus enseigner une règle orthographique pour en arriver à la conclusion implicite que les deux sont nécessaires: une règle accompagnée de mots, car une règle toute seule ne sert à rien (n'est pas transférée) et des mots seuls sont trop faciles à «empiler» et être oubliés.

L'aspect de la différenciation des mots à l'étude a fait réagir aussi: il est inutile de faire étudier des mots qu'un élève sait déjà! Surtout si on les contrôle tous à la fin de la semaine. Mais on voit donc que le plan de travail différencié n'est pas monnaie courante. Je n'ai pas beaucoup poussé là-dessus non plus et je pense que j'aurais pu questionner mieux aussi (mais comment?).

Enfin, la question du secondaire s'est posée. À ma question: est-ce pertinent pour le secondaire d'enseigner des mots d'orthographe ? la réponse a été spontanée: ben oui! Mais une question a été posée plusieurs fois: est-ce qu'au secondaire, ça devrait être fait?, question à laquelle je n'ai pas répondu directement. J'avais le goût de renvoyer l'enseignant au programme de formation, chose que je n'ai pas osée. C'est un peu sec. J'ai plutôt demandé s'il jugeait que ses élèves en auraient besoin... Il m'a répondu oui.

Finalement, le contenu de la règle orthographique de la vidéo a mis une orthopédagogue en conflit cognitif: l'enseignante de la vidéo indique aux élèves qu'il faut séparer les syllabes des mots pour savoir si le son è termine la syllabe ou non. S'il est suivi d'une consonne à la fin de la syllabe, alors il le e ne prend pas d'accent. Mais il s'agissait ici de syllabes écrites et non orales comme utilisent les orthopédagogues. Pour l'une, cette précision ne faisait que lui apporter une nuance à sa pratique. Pour l'autre, son visage semblait montrer sa confusion... C'est cet aspect didactique et linguistique que j'aime toucher, mais comme l'orthographe n'est pas ma spécialité, je me sens moins en contrôle pour guider les discussions.

Somme toute, je crois que nous avons eu une belle et bonne rencontre; nous n'avons pas même pas eu le temps de regarder la vidéo au complet. Elle a permis aux enseignants de réfléchir à leur pratique, d'en discuter, mais je crois que je cherche encore mon rôle et ma place au centre de toute cette animation pour en tirer toute la richesse possible. Je cherche comment animer, je cherche comment alimenter la discussion par des aspects plus théoriques, pédagogiques, linguistiques, etc. Voilà! Je patauge un peu, là!